Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
ma passion des loups
ma passion des loups
Publicité
Archives
13 octobre 2021

Un petit chaperon rouge, pas si innocent que ça ! (2ème partie)

3327431778_1_3_bAIsZ2w3

Dans les versions traditionnelles du conte duquel est tiré le récit du Petit Chaperon rouge, la période médiévale est omniprésente.La jeune fille, placée comme servante de ferme (une pratique courante encore jusqu'au XIXe siècle, qui permettait à une famille pauvre d'avoir un revenu supplémentaire), va rendre visite à sa grand – mère, qui est malade (maladie qui n'est pas précisé). Cette indication indique peut-être le fait qu'elle est alors nubile car elle peut sortir seule sans être accompagnée (mais ce point sera développé plus bas), ce qui explique que sa mère la laisse seule (les femmes devaient alors s'occuper de l'entretien de la maison à la campagne, et les enfants leur apporter donc une aide non négligeable).

3327431778_1_5_m4n4v2lS

Dans la majorité des contes, elle est vêtue de rouge (le chaperon est une création de Perrault), couleur alors des plus beaux vêtements féminin, et de la Pentecôte (c'est en effet ce que nous dit la plus ancienne version écrite du conte) qui se trouve-t-elle de ce fait vouée au rouge, couleur de l'Esprit Saint, mais aussi une couleur symbole des contes de cette période où les trois couleurs dominantes étaient le rouge, le blanc et le noir. Si dans le conte, le loup est noir, le beurre blanc, il fallait donc que l'héroïne fût rouge. C'est une visite pour aider au rétablissement de sa grand – mère (il faut savoir que la durée de vie du milieu du XIVe siècle au milieu du XVe siècle était entre 22 et 23 ans du fait des mauvaises récoltes, des épidémies et des guerres, ce qui pourrait expliquer le soin que l'on donnait alors aux anciens dans les villages) tel que le montre le transport d'une galette de pain et du lait, qui seront jusqu'au XIXe siècle, la nourriture essentielle de base. Le beurre, qui remplaça le lait, fut probablement ajouté au XVIIe siècle lorsqu'il gagna en popularité.Pour y aller la jeune fille quitte la sûreté du village, où elle a passé son enfance, pour atteindre la maison de sa grand - mère, que l'on peut voir dans le conte comme un chemin entre l'enfance et l'âge adulte (ce que nous verrons plus bas). Pour cela, elle va devoir traverser la forêt, qui est vue au Moyen – Âge (et donc dans les contes qui datent de cette période), un symbole du danger, de la marginalité, du surnaturel repaire de brigands, des sorcières, des loups garous, et des animaux sauvages tels les loups, qui furent vus comme une incarnation du Diable à partir du Moyen - Âge. Condition sine qua none pour arriver dans l'endroit sûr que représente la maison de la grand – mère, d'où, dans le conte original, le conseil de prudence de la mère de ne pas s'écarter du « chemin droit » afin d'éviter toute rencontre fortuite. Pas besoin d'y voir un symbole ici, car le chemin droit doit faire allusion aux sentiers de forêt aménagés (et très fréquentés) plus sûrs à l'époque.En entrant dans celle – ci, elle fait une rencontre fortuite dont l'acteur change en fonction des sources. C'est soit un loup (dans la majorité des versions), un loup – garou ou un ogre (ou une ogresse dans la version italienne la Finta Nonna, la Fausse Grand – mère). On peut penser que c'est le loup qui doit être privilégié, car il apparaît dans un des contes chinois que j'ai cité, et il est possible que le loup garou et l'ogre soit apparu dans le conte au XVIe siècle, moment où les procès de sorcellerie concernant les premiers se diffusent et imprègnent les esprits, et la première mention du second ne date que de 1516 en Italie. En effet, avec les épidémies, les disettes, les guerres, qui marquent la période, le loup eut tendance à s'approcher des villes ou des villages pour dévorer les cadavres et les chroniques commencèrent à rapporter des attaques sur l'homme (dont celle de Paris en 1450 l'une des plus anciennes recensée). On comprend alors les conseils de prudence de la mère d'autant que d'après des spécialistes comme Geneviève Carbone et Jean – Marc Moriceau et une étude de biologistes norvégiens de 2001 confirmerait la réalité de ces attaques mais dans des circonstances bien précises et dû à infime minorité de loups. Ceci a fait penser L'éthologiste Valerius Geist de l'Université de Calgary au Canada que ce conte servait d'avertissement aux enfants se promenant en forêt contre ces attaques. Ce qui est peu probable si l'on poursuit le conte.En effet, le loup pose alors une question à la jeune fille : « Quel chemin prends-tu ? Celui du côté des épingles ou celui du côté des aiguilles ? » D'après Marc Soriano, c'est ici un « Choix absurde qui est en réalité un jeu (fonctionnant sur le modèle de la devinette et de la formulette avec des objets voisins aux termes quasiment interchangeables) : dans un cas, on fait mine de piquer l'enfant, dans l'autre, de le pincer. » Cependant, d'après Yvonne Verdier, cette formulette et devinette serait loin d'être innocente : ce langage « couturier » des sociétés rurales jusqu'au XIXe siècle renvoient au contexte d'une société traditionnelle où les épingles, correspondant au travail facile de l'enfance, dépeignent les jeunes filles en âge de se marier (15 ans à l'époque), donc nubile, mais aussi de ce fait, la sexualité libre, et les aiguilles, relevant de l'art plus compliquée de la couturière, les femmes déjà épouses, la vie domestique et son cortège de contraintes.La jeune fille choisit le chemin des épingles pour aller chez mère – grand, parce qu'il est plus rapide de faire tenir quelque chose avec des épingles que de coudre, répondant ainsi à la devinette vu plus haut. Mais montrant aussi le fait que la jeune fille n'a pas fait le choix non du mariage, qui était alors décidé par un contrat entre les parents des deux parties, mais de disposer de son propre corps, comme le montre le fait qu'elle réponde au loup, malgré les recommandations de la mère. Elle s'en débarrasse certes, mais lui indique le chemin qu'elle prendra. Le loup, un prédateur sexuel, comme le pensait Perrault, ou un initiateur face au conservatisme de la société rurale ? La seconde solution serait préférable vue l'attitude ambigüe de la jeune fille dans la maison de la grand - mère.

3327431778_1_7_HJyYJFxa

 La jeune fille donne même le temps au loup qui prend le chemin inverse d'arriver avant elle car elle traine en route, symbolisant, ainsi, qu'elle n'est guère pressée de quitter la liberté qu'elle a choisie. Le loup mange alors en partie la grand – mère, symbole de conservatisme, et prend sa place dans le lit afin d'initier la jeune fille.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité